Les pharmaciens vont-ils pouvoir prescrire certains médicaments ?

Publié le 9 novembre 2018

Pour le moment, la réponse est non. Les députés viennent en effet de rejeter cette possibilité le 2 octobre dernier, lors de la première lecture du projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2019, et ce malgré le soutien affirmé de la ministre de la Santé à la mesure. Il faut dire que celle-ci avait provoqué une vive réaction des médecins, le syndicat majoritaire des généralistes MG France dénonçant par exemple une « vente à la découpe de la profession » et une « confusion des rôles ». Pourtant, ce projet n’était qu’une expérimentation, qui s’appuie de plus sur le résultat d’essais concluants à l’étranger, notamment en Suisse. Décryptage.

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Un amendement qui crée la controverse

Tout d’abord, le 25 octobre, la députée LREM Delphine Bagarry propose une expérimentation de coopération renforcée entre médecins et pharmaciens. L’objectif est alors double : améliorer l’accès aux soins et désengorger les urgences.

Cette proposition s’appuie ainsi sur un rapport parlementaire qui estime que les pharmacies sont bien placées pour offrir des premiers soins. Les maladies concernées sont par exemple la cystite, l’angine, les allergies saisonnières.

L’idée est donc de permettre au patient de se faire délivrer un médicament rapidement, sans passer par un médecin. D’ailleurs, le rapport propose également d’élargir cette possibilité à d’autres professions, comme les kinésithérapeutes et les infirmières.

Les kinésithérapeutes pourraient réaliser des gestes simples, comme le traitement de l’entorse.

Les infirmières pourraient délivrer des soins de premier recours, comme les sutures ou les tests de dépistage.

Une meilleure coopération entre les pharmaciens et médecins profite aux patients

Les expérimentations à l’étranger montrent que la coopération médecins/pharmaciens est efficace. En Suisse, les pharmaciens délivrent des médicaments sur ordonnance depuis 20 ans. D’ailleurs, ce changement s’est fait progressivement, à partir d’expériences novatrices.

Les « cercles de qualité médecins-pharmaciens » (CQMP) ont d’abord été introduits en 1997. Ils considèrent que la prescription est un acte complexe qui doit être partagé. Les CQMP font du pharmacien un co-prescripteur. Son savoir spécifique apporte une plus-value au patient.

Zoom sur : les CQMP de Fribourg

« A Fribourg, dès 1997, un groupe volontaire de médecins se réunit plusieurs fois par an autour d’un pharmacien, dans un contexte de formation continue. Le pharmacien détaille les habitudes de prescription des médecins. Il les confronte par classe thérapeutique aux recommandations internationales. Il décrit les volumes, les coûts afin d’aboutir à un consensus de prescription par classe thérapeutique. Chaque année, des études d’impact ont démontré, par rapport aux médecins travaillant sans collaboration particulière avec des pharmaciens, divers avantages :

    • Des économies substantielles sur le volume prescrit par les médecins du cercle de qualité par rapport aux médecins prescripteurs non liés au cercle en question (10%) ;
    • Un bond important de la dispensation des génériques (proportionnellement 41% des antibiotiques dans les cercles de qualité contre 25% dans le groupe contrôle) ;
    • Une objectivité accrue des médecins face aux campagnes de marketing de l’industrie pharmaceutique ;
    • Une confiance entre professionnels de la santé accrue ;
    • Une meilleure application des recommandations internationales ;
  • Une meilleure prise en charge du patient.

Par exemple, en matière de maladies cardiovasculaires, des études démontrent que le pharmacien est un allié important dans le suivi. Mais aussi dans la prévention des facteurs de risque cardiovasculaire (modification du style de vie). La coordination du traitement de certaines maladies chroniques. Cependant, ce rôle dépassant celui d’un « vendeur de médicaments » n’est pas encore pleinement acquis par le patient. »

Source : Revue médicale suisse

En Suisse, le réseau Delta propose des itinéraires cliniques pour les pathologies chroniques. Le patient est suivi par un trio de professionnels : infirmier, médecin et pharmacien. L’objectif est alors de favoriser l’adhésion du patient à la thérapie.

Le réseau intégré « NetCare » existe depuis 2012.

Le pharmacien assure un premier tri des patients. Il délivre donc des médicaments  pour les cas courants. En cas de réel besoin, il oriente le patient vers une consultation de télémédecine.

AU PRÉALABLE, LA NECESSITÉ DE DÉVELOPPER LA CULTURE DU TRAVAIL EN COMMUN

En Suisse, les médecins et les pharmaciens vérifient ensemble les ordonnances depuis 2001. Cela a ainsi permis de développer une culture du travail partenarial.

Les médecins sont donc plus ouverts à l’idée que les pharmaciens délivrent des médicaments sur ordonnance. Puis, en France, la coopération entre médecins et pharmaciens est moins développée.

Aussi, un amendement a été adopté pour permettre aux pharmaciens de renouveler ou d’adapter la posologie des traitements pour les maladies chroniques. C’est donc un premier pas vers une meilleure coopération, dans l’intérêt des patients.

Pour en savoir plus :

 

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