A la suite du tragique décès de Naomi Musenga le 29 décembre dernier, le fonctionnement du SAMU de Strasbourg a été fortement mis en cause. La parution du rapport de l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS) à la mi-juin, a pointé de nombreux dysfonctionnements internes et a souligné la nécessité d’un plan d’action immédiat, provoquant aussitôt la démission du responsable du SAMU strasbourgeois.
Rappelons brièvement les faits : la jeune femme, gravement souffrante, avait appelé les urgences du CHU (Centre Hospitalier Universitaire) via le numéro 15, et s’était vue redirigée vers « SOS médecins ». Elle était décédée quelques heures plus tard. La révélation de l’affaire par un journal local, relayée rapidement par les grands médias nationaux, a provoqué un vif émoi dans la population et l’ensemble de la classe politique.
Cette triste affaire est l’occasion de nous pencher sur le fonctionnement et l’organisation de l’Aide Médicale d’Urgence (AMU), maillon essentiel de l’organisation des soins, qui prend en charge chaque année plus de 20 millions de passages aux urgences en France.
AMU, SAMU, SMUR, etc. : de quoi parle-t-on ?
Dans le langage courant, le SAMU est assimilé à l’Aide Médicale d’Urgence : en cas de besoin, on compose le 15 pour faire venir une ambulance ou chercher un conseil auprès d’un médecin régulateur. Or, le SAMU n’est en réalité qu’une composante de l’AMU. Quelques précisions ci-dessous pour vous aider à mieux comprendre cette organisation.
AMU : l’Aide Médicale d’Urgence désigne l’ensemble du dispositif mis en place par un Etat pour venir en aide aux personnes victimes d’un accident ou d’une affection brutale et non prévue. Elle se décompose principalement en un système d’alerte (le SAMU en France) et des services mobiles d’intervention (le SMUR). On parle aussi de Système Intégré des Urgences Médicales (SIUM) pour désigner cet ensemble.
SAMU : le Service d’Aide Médicale d’Urgence est le centre de régulation médicale des urgences dans un département. Cela signifie qu’il régule et oriente les appels en fonction de leur gravité, de leur urgence, des places disponibles dans les différentes structures de soins, etc. Il reçoit les appels du 15 et du 112, les deux numéros d’urgence (le 112 est le numéro européen unique que vous pouvez composer dans n’importe quel pays). C’est lui qui décide notamment de l’envoi éventuel des moyens du SMUR (ambulances, hélicoptère, etc.).
Le logo international des SAMU, l’étoile de vie, est une étoile bleue à six branches, avec une bordure blanche, et en son centre le bâton d’Asclépios, dieu patron des médecins dans la mythologie grecque
SMUR : le Service Mobile d’Urgence et de Réanimation, aujourd’hui Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation, est un service hospitalier qui possède des unités mobiles hospitalières (UMH) : ambulances, hélicoptères, voire avions ou bateaux en fonction des situations. En France, on distingue principalement le « SMUR blanc », implanté dans les hôpitaux, et le « SMUR rouge » des pompiers existant dans certains centres d’incendie et de secours. Ce sont donc les véhicules du SMUR qui viennent vous chercher, sur demande du SAMU, en cas d’urgence le nécessitant.
SOS médecins : c’est vers « SOS médecins » que Naomi Musenga a été orientée par erreur par l’opératrice du SAMU. Il s’agit d’un service libéral d’urgence d’aide à domicile fonctionnant 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, qui travaille en coordination avec l’hôpital, les pompiers et le SAMU. Créée en 1966, cette structure a existé avant la mise en place du SAMU dans les années 70 et continue depuis à contribuer à la permanence des soins.
SAMU social : le SAMU social, créé en 1993, est un ensemble d’associations répondant aux besoins des personnes à la recherche d’un abri. Son numéro est le 115, accessible gratuitement 24 heures sur 24 (mais bien souvent saturé). Il n’y a pas de lien entre le SAMU « médical » et le SAMU social, si ce n’est l’acronyme, utilisé pour souligner l’urgence que constituent les situations de sans-abrisme.
Comment fonctionne le SAMU
En France, il existe un SAMU par département, pour un total de 103 structures. Chacun est en charge des urgences locales, avec quelques spécificités supplémentaires – le SAMU de Paris reçoit par exemple les appels provenant des TGV et des avions d’Air France en vol, tandis que celui de Toulouse régule les urgences médicales en mer.
Lorsqu’un appel est reçu, il est traité par un opérateur appelé ARM, comme Assistant de Régulation Médical. Ces personnels ne sont pas des professionnels médicaux : ils sont recrutés au niveau du bac et ne peuvent travailler que sous la responsabilité d’un médecin régulateur. C’est ici que la prise en charge de Naomie Musenga a dysfonctionné, l’opératrice ne respectant les procédures en vigueur.
Celles-ci prévoient trois possibilités :
- Pour les cas les moins urgents, mettre l’appel en attente ;
- Transférer l’appel au médecin régulateur de manière prioritaire ;
- Déclencher l’intervention des secours avant même le transfert au médecin, pour les cas les plus graves.
Dans tous les cas, un médecin régulateur intervient ensuite : il décide ou non de prendre l’appel, mais l’ARM ne peut jamais raccrocher de son propre chef, contrairement à ce qu’il s’est passé dans cette affaire.
DES APPELS DE PLUS EN PLUS NOMBREUX
Le nombre d’appels au SAMU a été multiplié par 6 en trente ans, passant de moins de quatre millions par an en 1988 à près de 25 millions en 2016. 48% de ceux-ci entraînent une intervention, et 13% de simples conseils, qui font aussi partie des missions de ces structures. Il reste donc 38% d’appels sans lien avec une urgence (erreur, malveillance, etc.), ce chiffre étant plutôt en diminution ces dernières années.
Le problème est qu’à l’heure actuelle, le nombre de médecins régulateurs et d’opérateurs ARM est très variable d’un département à l’autre, entraînant des écarts considérables dans le traitement des appels. On comptait en 2010 environ 2000 postes d’ARM et 955 de médecins régulateurs, pour un temps moyen consacré à chaque appel de 13 minutes environ. Mais dans le détail, ce temps variait de 57 minutes à … moins de deux ! De telles différences interpellent, et devraient donc conduire à viser une meilleure organisation de cette mission essentielle qu’est l’Aide Médicale d’Urgence, afin qu’un tel drame ne puisse plus se reproduire à l’avenir.
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