Comment l’immunothérapie est-elle utilisée pour lutter contre le cancer ?

Publié le 6 mai 2024

Procédé révolutionnaire, l’immunothérapie consiste à injecter des anticorps au patient pour lutter efficacement contre certains cancers. Découvrez son fonctionnement.

immunothérapie cancer
qu’est-ce que l’immunothérapie

Qu'est-ce que l'immunothérapie ?

Le principe est simple : il s’agit de stimuler le système immunitaire du patient pour que son corps élimine de lui-même la tumeur cancéreuse. En effet, le corps humain est naturellement programmé pour reconnaître les corps étrangers (virus, bactéries…). Étrangement, il ne parvient pas pour autant à vaincre le cancer, pourtant constitué de cellules devenues étrangères après une mutation génétique.

Les chercheurs se sont longtemps demandé pourquoi, sans vraiment trouver la réponse. Des expériences ont toutefois été menées dès les années 70. Différents moyens ont été testés pour tenter d’« activer » le système immunitaire, comme :

  • l’injection du BCG (le vaccin anti tuberculose) ou de globules blancs cultivés en laboratoire ;
  • l’administration de substances chimiques stimulantes ;
  • une sorte de vaccin, à base de cellules cancéreuses, prélevées sur le patient, puis rendues inoffensives, suivant le même principe qu’un vaccin traditionnel contre un microbe.

 

Toutes ces tentatives n’avaient malheureusement pas produit le succès escompté. Tout se passait comme si la tumeur était invisible pour le système immunitaire, jusqu’aux récentes avancées des recherches sur l’immunothérapie.

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Comment fonctionne l'immunothérapie pour lutter contre le cancer ?

Les choses ont commencé à évoluer dans les années 90 lorsque des chercheurs ont commencé à mieux comprendre comment fonctionne le système immunitaire. En 2018, deux chercheurs ont reçu le prix Nobel de Médecine pour avoir mis en évidence deux phénomènes.

En premier lieu, l’Américain James Allison et son équipe ont découvert une protéine spécifique (appelée « CTLA4 ») qui régule la réponse immunitaire. Située dans la membrane de certains globules blancs (les lymphocytes T), elle empêche ces derniers de trop se multiplier, afin qu’ils n’attaquent pas l’organisme après avoir vaincu une maladie. Les chercheurs ont eu l’idée de bloquer cette protéine, pour permettre aux lymphocytes de se développer davantage et d’aller attaquer la tumeur.

Par ailleurs, le médecin japonais Tasuku Honjo et ses chercheurs ont, de leur côté, découvert une autre protéine (appelée PD1) située elle aussi dans la membrane des lymphocytes T. Il arrive que cette protéine entraîne l’autodestruction des lymphocytes. Or, certaines cellules cancéreuses arrivent à activer cette autodestruction pour se protéger. Comme les Américains, les chercheurs japonais ont donc cherché à bloquer cette protéine, ce qui s’est avéré, là aussi, efficace.

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Bon à savoir :

En réalité, le principe de l’immunothérapie remonte à loin. Le médecin américain William Colley (1862-1936) avait remarqué par hasard, à la fin du XIXe siècle, que certains cancers avaient disparu miraculeusement après une forte infection à streptocoques. Il tenta alors d’injecter à des malades déclarés condamnés un mélange de bactéries affaiblies pour stimuler leur système immunitaire. Cette méthode a fonctionné dans certains cas. Néanmoins, nombre de patients ont péri en raison de l’infection. Ces travaux précurseurs tombèrent dans l’oubli avec l’apparition de la radiothérapie peu après.

Où en est l'immunothérapie aujourd'hui ?

Europe 1 – « L’immunothérapie est la nouvelle voie dans la lutte contre le cancer”

L’immunothérapie est un traitement relativement récent, mais il connaît un développement rapide. Il ne s’agit cependant pas d’un remède miracle. En effet, l’immunothérapie n’est efficace que contre certains cancers et est utilisée en complément des traitements traditionnels.

Quels cancers peuvent être traités par immunothérapie ?

Les essais ont d’abord porté sur les cancers qui se traitent mal, en particulier sur le mélanome malin (cancer de la peau). Les traitements se sont ensuite étendus à d’autres formes de cancer, avec des résultats probants sur celui du poumon, mais aussi ceux de la tête et du cou (sinus, bouche, larynx, etc.). L’immunothérapie contre le cancer du rein a, elle aussi, obtenu une Autorisation de mise sur le marché (AMM), qui a validé son utilisation thérapeutique. Le traitement se révèle ainsi efficace contre de plus en plus de tumeurs et la liste tend progressivement à s’allonger.

Quels traitements sont administrés ?

Les traitements reposent sur l’administration d’anticorps monoclonaux, produits en laboratoire à partir d’un clone de cellule. Ces anticorps sont administrés en intraveineuse. Actuellement, en France, cinq types d’anticorps sont utilisés, parfois conjointement :

  • le Nivolumab (anti-PD-1), contre les mélanomes, le lymphome de Hodgkin, certains cancers du poumon, du rein, les cancers épidermoïdes de la tête et du cou ou les cancers urothéliaux (vessie et voies urinaires) ;
  • le Pembrolizumab (anti-PD-1), contre les mélanomes, le lymphome de Hodgkin, certains cancers du poumon, du rein, les cancers urothéliaux ou les cancers épidermoïdes de la tête et du cou ;
  • l’Atezolizumab (anti-PD-L1), contre les cancers urothéliaux ou certains cancers du poumon ;
  • le Durvalumab (anti-PD-L1), contre certains cancers du poumon ;
  • l’Avelumab (anti-PD-L1), contre le carcinome de Merkel, cancer du rein.

 

Les injections ont lieu lors d’une hospitalisation de jour et durent entre 60 et 90 minutes. Elles sont espacées d’une à quelques semaines, en fonction du cancer traité et du type d’immunothérapie employé. La durée du traitement peut varier selon la maladie, les effets observés et l’éventuelle apparition d’effets secondaires. En effet, certains patients ne sont pas réceptifs à l’immunothérapie.

C’est pourquoi l’immunothérapie s’utilise en complément de méthodes éprouvées, comme la radiothérapie (brûlure de la tumeur aux rayons X), la chimiothérapie (attaque par des produits chimiques ciblant les cellules à détruire) et, bien sûr, la chirurgie (ablation de la tumeur par opération). Pour certains cancers, elle pourrait peut-être un jour être utilisée seule, mais les traitements privilégient à l’heure actuelle une combinaison de méthodes.

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